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Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a assuré que l’attaque russe a touché une université et un théâtre dans le centre-ville.

Un bombardement russe a fait 7 morts et 110 blessés dans le centre-ville de Tcherniguiv (nord de l’Ukraine), touchant aussi une université et un théâtre, a annoncé samedi le président Volodymyr Zelensky sur Telegram. « Un missile russe a frappé en plein centre-ville, dans notre Tcherniguiv », a-t-il écrit à propos de cette ville située à 150 kilomètres de Kiev, près de la frontière biélorusse. « Une place, l’université polytechnique, un théâtre. Un samedi ordinaire, que la Russie a transformé en un jour de douleur et de perte. Il y a des morts, il y a des blessés », a déploré le chef d’État. Il a également publié une vidéo montrant des débris autour d’un grand immeuble de style soviétique, avec des voitures garées autour et partiellement détruites, des toits défoncés et des vitres brisées.

«  L’ennemi a bombardé le centre de Tcherniguiv. A priori, un missile balistique », avait auparavant écrit sur Telegram le chef de la région de Tcherniguiv, Vyacheslav Chaus.

En fin de matinée, quelques minutes après le déclenchement des sirènes d’alerte aérienne, un missile perce par le haut le théâtre de la ville, édifié au centre d’une place populaire et très fréquentée. Les tôles ondulées du toit de l’édifice ne sont plus qu’un amas de ferraille déchiquetée et tordue. Les vitres des fenêtres ont été soufflées mais les murs extérieurs de l’imposant bâtiment sont intacts.

Sur les deux petites rues encadrant le théâtre, le souffle puissant de l’explosion a fait voler en éclats toutes les fenêtres des restaurants, cafés, commerces et appartements des immeubles. Des portes sont sorties de leurs gonds.

Un missile balistique

Peu auparavant, les autorités locales, évoquant le tir « d’un missile balistique », avaient enjoint à la population de « rester à l’abri » dans cette ville épargnée par les attaques à grande échelle après avoir été brièvement encerclée par les forces russes au début de l’invasion en février 2022.

Ce bombardement fait suite à une série de succès revendiqués cette semaine par Kiev sur le champ de bataille et alors que les États-Unis ont approuvé vendredi l’envoi par le Danemark et les Pays-Bas d’avions de combat F-16 à l’Ukraine. Il s’est par ailleurs produit au moment où Volodymyr Zelensky se trouvait en visite en Suède, un pays qui a fourni à Kiev des armes antichars par milliers et souhaite adhérer à l’Otan malgré l’opposition virulente de Moscou.

Les discussions avec le Premier ministre Ulf Kristersson se concentrent sur la « coopération en termes de défense », notamment la possible nouvelle livraison de véhicules de combat d’infanterie suédois CV-90s, a détaillé le président ukrainien sur Telegram.

« Il est odieux d’attaquer la place principale d’une grande ville, le matin, alors que les gens se promènent, certains se rendant à l’église pour célébrer une fête religieuse », a fustigé dans un communiqué la coordinatrice humanitaire de l’ONU en Ukraine, Denise Brown. « Je condamne ce schéma répété de frappes russes sur des zones peuplées d’Ukraine, causant des morts, des destructions massives et des besoins humanitaires croissants », a encore déploré la responsable.

« Il faut que ça s’arrête », a encore réclamé Mme Brown, quelques heures après cette frappe meurtrière russe sur la ville de Tcherniguiv, dans le nord de l’Ukraine.

« C’est l’horreur, juste l’horreur »

« Les gens criaient, pleuraient, c’était effrayant » : sur son lit d’hôpital, ses jambes encore couvertes de sang, Diana Kazakova décrit « l’horreur » de la frappe. Elle se trouvait dans un magasin de tissus quand le missile a explosé. « La vitrine m’est complètement tombée dessus. Je suis tombée […] Puis je me suis réveillée, j’ai été assommée par le choc », dit-elle, d’une voix faible. « Quand je suis sortie, c’était terrible. Je ne savais pas si les gens qui gisaient par terre était encore vivants ou bien déjà morts », raconte-t-elle devant son établissement.

Au bas d’une voiture criblée d’éclats et au moteur enfoncé, deux flaques de sang brillent encore. Sur les sièges avant, deux airbags ensanglantés sont dégonflés. Sous le volant, deux sandales sont encore devant les pédales. Stationné dans la rue, le véhicule a été projeté quatre mètres plus loin contre le mur d’un restaurant. Sur le trottoir, jonché de débris de verre sur une cinquantaine de mètres, un arrêt de bus vitré n’a plus que sa structure métallique. Garé juste à côté, un bus jaune a ses fenêtres explosées. Il allait de la gare au cimetière de la ville. Sur le plancher au milieu des débris, une paire de lunettes a été abandonnée.

Sur le parking devant la façade en colonnes du théâtre, une vingtaine de voitures ont toutes leur pare-brise enfoncé. Un peu plus loin, comme stoppée nette sur la place, une petite fourgonnette est criblée d’impacts. Les sièges avant portent des traces de sang. Quelques mètres à côté, un homme en tenue militaire inspecte un petit tas de bouts de ferraille et de fils colorés rassemblés au sol, probablement des parties du missile qui ont été retrouvées.

Dans l’autre rue encadrant le théâtre, Lioudmila, 24 ans, est venue aider pour enlever les débris dans un restaurant où elle a travaillé. Elle se trouvait à « 200 mètres quand il y a eu un sifflement très fort et une explosion. Je suis tombée au sol », raconte-t-elle. Il y avait « des cris, il y avait beaucoup de morts, de blessés et d’ambulances. C’est l’horreur, juste l’horreur », dit la jeune femme encore sous le choc et les mains toutes tremblantes.

Elle s’interroge sur la programmation d’une exposition sur des drones qui devait se dérouler dans la ville ce samedi. Si elle blâme les Russes pour avoir tiré le missile, « qui a permis maintenant, alors que la guerre est dans le pays, qui a permis de tenir une exposition de drones ? », s’interroge-t-elle, en faisant un possible lien entre la frappe et l’exposition.