Alors que l’invasion de l’Ukraine   par la Russie se poursuit, de plus en plus de pays occidentaux s’engagent à fournir des armes à l’armée Ukrainienne.

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Soutien des États-Unis

Les États-Unis sont le premier fournisseur de matériel militaire à l’Ukraine : une nouvelle aide d’un montant de 350 millions de dollars est annoncée pour combattre l’invasion russe. Le 26 février 2022, le secrétaire d’État américain Antony Blinken annonce que cette aide sera constituée de nouveaux moyens militaires défensifs : des systèmes anti-blindés et antiaériens, des armes légères et des munitions de divers calibres, des gilets pare-balles et des équipements connexes. Ce soutien armé vient s’ajouter aux 60 millions de dollars d’assistance militaire décidés à l’automne 2021, puis 200 millions de plus en décembre: il s’agissait notamment de livraisons de lance-missiles antichars FGM-148 Javelin et d’autres armes anti-blindage, d’armes légères, de divers calibres de munitions et d’autres équipements non létaux. C’est un total de plus d’un milliard de dollars octroyé à l’Ukraine depuis un an.

Soutien de pays européens

À partir du 26 février, deux jours après le début de l’invasion, plusieurs pays européens déclarent apporter un soutien militaire à l’Ukraine.

  • Allemagne : le pays, qui était jusque-là hostile à une livraison d’armes, annonce la livraison à l’Ukraine de 400 lance-roquettes antichar Panzerfaust, de 1 000 lance-roquettes et 500 missiles sol-air Stinger, ainsi que 14 blindés et du carburant.
  • Belgique : le pays déclare fournir 2 000 mitrailleuses et 3 800 tonnes de carburant à l’armée ukrainienne.
  • Danemark : la première ministre annonce donner 2 700 lance-roquettes antichar.
  • Espagne : des équipements défensifs, comme des gilets pare-balles, font partie des 20 tonnes d’aides envoyées par le pays. Face aux critiques, Pedro Sánchez déclare le 2 mars que son pays « livrera du matériel militaire offensif à la résistance ukrainienne ».
  • Finlande : le ministre de la Défense finlandais, Antti Kaikkonen, a annoncé fournir 2 500 fusils d’assaut, 150 000 munitions, 1 500 armes antichars et des colis alimentaires.
  • France : l’état-major des armées déclare avoir « acté » des livraisons d’armes défensives à Kiev.
  • Grèce : le pays prévoit d’envoyer des équipements défensifs.
  • Italie : le premier ministre indique fournir une aide militaire « en particulier dans le secteur du déminage et de la fourniture d’équipements de protection ».
  • Pays-Bas : ils indiquent avoir expédié des fusils de précision et des casques et déclare fournir 200 missiles antiaériens Stinger.
  • Pologne : le pays, qui a fourni des dizaines de milliers de munitions à l’Ukraine fin janvier, dénonce « l’égoïsme en béton [de] certains pays occidentaux » en matière de soutien militaire.
  • Portugal : le ministère de la Défense annonce la livraison à l’Ukraine de « gilets, des casques, des lunettes de vision nocturne, des grenades, des munitions de différents calibres » ou encore de « fusils automatiques G3 ».
  • Roumanie : le pays prévoit l’envoi de « combustible, des gilets pare-balles, des casques, des munitions et d’autres équipements militaires ».
  • Suède : le pays annonce l’envoi de rations de terrain, de 5 000 casques, 5 000 boucliers et 5 000 lance-roquettes antichar, rompant avec leur doctrine de ne pas livrer d’armes.
  • Tchéquie : le pays annonce, en plus des 4 000 obus d’artillerie envoyés en janvier, l’envoi de 30 000 pistolets, 7 000 fusils d’assaut, 3 000 fusils-mitrailleurs et plusieurs dizaines de fusils de précision, ainsi qu’un million de cartouches.
  •  Union européenne : pour la première fois de son histoire, elle propose de financer la fourniture d’armes létales, mais aussi du carburant, des équipements de protection et médicaux, ainsi que des avions de combat.

Soutien du Canada

Le 27 février 2022, le Canada annonce l’envoi « de casques, de gilets pare-balles, de masques à gaz et de matériel de vision nocturne », après avoir déjà promis le 14 février la livraison d’armes et de munitions.

Soutien de l’OTAN

Quelques jours avant l’invasion, l’OTAN a commencé à fournir des armes défensives à l’Ukraine.

Sanctions contre la Russie

Les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni prennent de façon concertée d’importantes mesures restrictives vis-à-vis de la Russie. Ces mesures, selon la déclaration conjointe du 26 février, portent notamment sur l’exclusion de certaines banques russes du système de messagerie SWIFT et le gel d’une partie des avoirs de la Banque centrale russe et visent de nombreux responsables politiques russes.

Convoqué dans l’urgence, le Conseil européen extraordinaire du 24 février 2022 décide du principe « de nouvelles mesures restrictives qui auront des conséquences lourdes et massives pour la Russie », en complément de celles déjà adoptées le 23 février 2022 par le Conseil de l’UE en réponse à la reconnaissance par la Russie des républiques autonomes autoproclamées de Donetsk et de Lougansk. D’après la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, ces sanctions viseront d’abord le secteur financier ce qui signifie que « 70 % des banques russes auront beaucoup plus de difficultés à emprunter sur les marchés ». Ensuite, la Russie ne pourra plus bénéficier de l’accès à des « technologies cruciales », comme les composants électroniques ou des logiciels. La plupart des pays européens ferment leur espace aérien aux compagnies aériennes russes et le pays entre dans la liste des compagnies aériennes interdites d’exploitation dans l’Union européenne le 28 février 2022.

L’Allemagne suspend la mise en service du gazoduc Nord Stream 2 avec la Russie, projet qu’elle avait défendu contre vents et marées malgré les pressions américaines. En février 2022, le régulateur allemand avait décidé d’interdire la diffusion de la chaîne Russia Today en Allemagne. Le 27 février 2022, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen annonce le bannissement des chaînes RT dans toute l’Union européenne.

Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, annonce le 24 février 2022 « un paquet de sanctions économiques le plus important et le plus sévère que la Russie ait jamais vu ».

Les sanctions économiques décrétées par les puissances occidentales contre la Russie entrainent dès le 28 février 2022 au matin une très forte chute du cours du rouble dont le taux de change contre 1 dollar passe de 83,5 roubles le 23 février à 95,5 roubles russes. Simultanément, la Banque centrale de Russie avait, elle, porté son taux directeur de 9,5 à 20 %.

Certains pays d’Asie se joignent aux sanctions internationales parmi lesquels la Corée du Sud qui annonce le 28 février, son ralliement aux sanctions internationales en votant pour l’exclusion de la Russie du système SWIFT et en interdisant des exportations stratégiques à destination de la Russie.

L’île de Taïwan aussi dit se joindre aux sanctions économiques dès le 24 février via la voix de Joseph Wu, ministre des taïwanais des affaires étrangères. Ce dernier qualifie l’action russe de « violation de la Charte des Nations unies ». Taiwan vote donc l’exclusion de la Russie du système SWIFT ; décision annoncée par le premier ministre Su Tseng-chang lui-même.

Le Japon (via la voix de son Premier ministre Fumio Kishida), se joint lui aussi aux sanctions dès le 25 février ; en interdisant les exportations pour la Russie, surtout dans le domaine des semi-conducteurs. Il décide aussi de geler les avoir de Vladimir Poutine. De plus, le Japon se joint aux pays occidentaux pour exclure certaines banques russes de la plateforme Swift. Le Japon adopte des sanctions à l’encontre du président du Bélarus et de la banque centrale russe le 28 février. Le 1er mars ce sont les avoirs de Vladimir Poutine et de la banque centrale russe qui sont gelés.

Le lundi 28 février, Singapour a annoncé l’imposition de sanctions à la Russie après son invasion de l’Ukraine, bloquant notamment les transactions financières et les exportations de biens susceptibles d’être utilisés comme des armes contre des Ukrainiens.

Guerre de l’information

Avec la désinformation généralisée et les médias sociaux amplifiant les revendications militaires et les demandes reconventionnelles, il est difficile de déterminer exactement les informations fiables pour donner les deux points de vue de façon neutre.

Les médias russes ont délibérément propagé de fausses informations comme l’explosion d’un conteneur de gaz au chlore près d’une zone habitée par des civils à Gorlovska mais aussi la transmission d’affrontements pré-enregistrés ou encore provenant d’autres pays entre séparatiste et armée ukrainienne.

Pour justifier l’invasion de l’Ukraine, les forces séparatistes sont soupçonnées d’avoir orchestré plusieurs fausses attaques pour justifier l’escalade militaire.

Concernant la manipulation d’enregistrements, John Kirby, porte-parole du Pentagone, a déclaré lors d’une allocution début février qu’« il est probable que le gouvernement russe, nous le pensons, prépare une fausse attaque de soldats ou d’agents de renseignement ukrainiens contre le territoire russe ou des russophones [d’Ukraine] ».

Les forces armées ukrainiennes sont aussi accusée d’avoir propagée de fausses informations. Le ministère des armées ukrainiennes a par exemple publié une vidéo montrant un drone turc abattant un char d’assaut du régime syrien près de Maarat Al-Numan en Syrie, et a écrit : « Forces armées ukrainiennes ont libéré une vidéo avec la destruction de l’équipement militaire russe Bayraktar TB2 ».

Révisionnisme historique

En juillet 2021, le président Vladimir Poutine publie un essai, De l’unité historique des Russes et des Ukrainiens, où il aborde longuement les liens qui uniraient les deux peuples tant sur le plan historique que sur le plan culturel et religieux. Ce faisant, le président russe considère que « les Russes et les Ukrainiens sont un seul peuple qui appartient au même espace historique et spirituel ». À l’occasion d’un sondage effectué peu après par l’ONG Rating Group Ukraine, sur l’ensemble de la population, seuls 41 % des Ukrainiens sont en accord avec cette position. L’étude montre que les Ukrainiens sont partagés selon les régions et les mouvements politiques d’appartenance : tandis qu’à l’Est et dans les mouvements pro-russes, 60 % des répondants partagent ce point de vue, à l’Ouest 70 % sont en désaccord tout comme les membres des partis politiques opposés au Kremlin qui réfutent à 80 % cette position.

Dans ce discours, le président russe affirme que l’Ukraine a été créée de toutes pièces par la Russie soviétique, et particulièrement Lénine, et conteste de nouveau son existence. Les bolchéviks auraient ensuite, selon lui, abandonné des parties du territoire historique de la Russie — à l’instar du transfert de la Crimée actée par Khrouchtchev en 1954 — et découpé les Slaves de l’Est en plusieurs nations Cette révision de l’histoire ukrainienne se place dans un discours qui trace une continuité directe entre la conversion de Vladimir Ier à l’orthodoxie, la Rus’ de Kiev et la Russie tsariste. Cette prééminence des communistes russes dans la « création » de l’Ukraine selon Poutine a une signification particulière quand Kiev a depuis plusieurs années amorcé une politique de décommunisation (« декоммунизацию », dekommounizatsiyou) puisqu’il implique le démantèlement du pays sous sa forme actuelle. Juliette Cadiot, directrice d’étude au centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC) à l’EHESS, indique que le président russe utilise un discours des sciences sociales actuelles donnant aux empires en voie de dislocation — ici en l’occurrence l’empire tsariste — la genèse des nationalismes sans prendre en compte la dimension populaire, illustrée en Ukraine par l’indépendance du pays de 1917 à 1921 mais aussi par le score élevé du référendum lors de la dislocation de l’URSS où plus de neuf ukrainiens sur dix se sont positionnés pour l’indépendance du pays.

Pour le chercheur à l’université d’Oxford Milàn Czerny, l’utilisation du terme « génocide » s’inscrit dans une longue durée, comme l’indique l’utilisation par Sergueï Glaziev (en) dès les années 1990 de « génocide économique » contre les Russes après la libéralisation du pays. Glaziev est devenu le conseiller de Vladimir Poutine dès 2012. Pour Cécile Vaissié, spécialiste du monde slave à Rennes-II, cette vision est partagée par de nombreux membres des cercles néoconservateurs et nationalistes russes. Pour ces derniers, la diminution de l’importance du russe dans les ex-pays soviétiques — même si une large majorité des Ukrainiens est bilingue, une série de lois depuis 2014 diminuent la place du russe dans l’espace public sans la supprimer comme le prétendent les tenants du discours d’une « ukrainisation totale » — relève d’un « génocide culturel ». Aussi, l’incendie criminel à Odessa touchant des russophones en 2014 est-il régulièrement utilisé par le locataire du Kremlin.

Dans le même temps, l’ouverture du discours du locataire du Kremlin par le terme « compatriote » remonte selon Czerny à Boris Eltsine et couvre toute personne se considérant comme liée à la Russie — monde russe soit en russe Русский мир (« rousskïï mir ») — et que Moscou doit protéger. Vladimir Poutine est coutumier de ce terme puisqu’il l’utilise dès 2001 et qu’il lui a servi notamment lors de la crise de Crimée.