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Un journaliste de CNN estime que Trump « pense qu’être victimisé et attaqué va lui permettre de rallier de nombreux soutiens »

Pour le correspondant CNN à Washington Stephen Collinson, Donald Trump « pense que, pour sa campagne politique, être victimisé et attaqué va permettre de lui rallier de nombreux soutiens ».

« On va l’entendre dire qu’il a été persécuté pour des raisons politiques », a estimé le journaliste américain.

Le futur candidat des Républicains pour les prochaines élections Donald Trump, qui vise à nouveau la Maison-Blanche en 2024, s’est rendu mardi avec toutes sa volonté  au Tribunal de Manhattan, dans une ville en état d’alerte contre son arrestation .

Une première de plus à accrocher à son tableau de chasse! Donald Trump est le premier président américain à avoir fait l’objet de deux procès en destitution, le voilà désormais le premier ex-président à se faire inculper. Mardi après-midi à New York, alors que les médias attendaient depuis de longues heures pour immortaliser ce moment, que les hélicoptères tournoyaient dans le ciel et que l’Amérique entière retenait son souffle, Donald Trump s’est rendu au Tribunal de Manhattan, vers 13h15 heure locale, sous haute surveillance policière. Pour se voir notifier les charges qui pèsent sur lui. Il est sous le coup de 34 chefs d’accusation.

A très exactement 13h24, heure new-yorkaise, il était officiellement en état d’arrestation en entrant dans le bâtiment. Quelques minutes plus tôt, il écrivait sur son réseau social Truth: «Je me dirige vers le tribunal. Ça semble si SURREALISTE – WOW, ils vont M’ARRETER. Je n’arrive pas à croire que ça se passe en Amérique».

Le registre de la victimisation

Arrivé la veille dans sa Trump Tower, dans cette ville avec laquelle il entretient une relation d’amour-haine, Donald Trump est accusé d’avoir acheté le silence de l’actrice porno Stormy Daniels (Stephanie Clifford) dans les derniers jours de la campagne présidentielle de 2016. Une campagne pendant laquelle, se sentant tout-puissant, il n’avait pas hésité à déclarer: «Si je tirais sur quelqu’un en pleine 5e Avenue, je ne perdrais aucun électeur».

Son avocat d’alors, Michael Cohen, n’avait pas non plus lésiné sur les grandes déclarations: «Je suis prêt à prendre une balle pour lui!». Mais le voilà désormais à l’origine de la mise en accusation de son ex-patron. Lui-même inculpé, il a retourné sa veste et Donald Trump n’est désormais pour lui qu’un «escroc, un raciste et un menteur».

Concrètement, Donald Trump est accusé d’avoir, via Michael Cohen, fait verser 130 000 dollars à Stormy Daniels, star du X qu’il aurait fréquentée en 2006-2007, pour qu’elle se taise. Une somme qui n’a pas été déclarée dans ses comptes de campagne pour la présidentielle de 2016, mais comme simples «frais juridiques» de la Trump Organization basée à New York. Or le but était bien d’éviter des révélations capables de nuire à ses chances d’élection. Il est ainsi notamment accusé de violation de la loi sur le financement des campagnes électorales.

Politisation de la justice

A moins qu’il ne puisse s’y soustraire – ce qui a des chances d’arriver –, la photo d’identité judiciaire de Donald Trump, ou mugshot, va faire l’objet de convoitises et de bien des commentaires. Son avocat, Joe Tacopina, avait déclaré avant le jour J que son statut lui donnerait droit à quelques petits arrangements et qu’il ne serait en tout cas pas menotté. Cameramen et preneurs de son n’ont pas été autorisés à pénétrer dans la salle d’audience. Tout mode de transmission à l’intérieur du prétoire a été interdit.

Mais, au-delà de cette agitation, au-delà de ces images, étonnantes, d’un ancien président qui se rend au tribunal, le poing levé devant les caméras, pour être officiellement arrêté, demeure surtout une question, essentielle: à quel point cette comparution au pénal, historique, qui permet à Donald Trump de donner une nouvelle fois dans la victimisation, va-t-elle lui servir? Candidat à la présidentielle de 2024 après avoir contesté sa défaite de 2020, il clame encore et toujours être victime d’une «chasse aux sorcières» et dénonce une «politisation» de la justice.

Le républicain, qui plaide non coupable et devra affronter à un procès, sait motiver ses troupes, électriser ses fidèles électeurs et son parti est entré dans la danse, pour l’instant à ses côtés. Lundi soir, une «fuite» sur Yahoo News, qui faisait allusion à l’existence d’une trentaine de chefs d’inculpation, a provoqué l’ire de l’ex-président. Il a immédiatement désigné un coupable, comme responsable, à ses yeux, de l’indiscrétion: le procureur Alvin Bragg, en charge du dossier. Un Afro-Américain démocrate. Toujours remonté mardi matin, il dénonçait sur Truth Social un «tribunal bidon».

Parmi ses inconditionnels venus le soutenir devant le tribunal, figurait l’élue républicaine Marjorie Taylor Greene, spécialiste en polémiques et théories conspirationnistes en tous genres. Ainsi que son collègue George Santos, qui siège également à la Chambre des représentants. Le New-Yorkais s’est récemment illustré par ses mensonges en cascade.

D’autres inculpations

Pour l’instant, côté républicain, Donald Trump reste en tête des sondages comme candidat favori, devançant nettement le gouverneur de Floride Ron DeSantis. La preuve que, malgré les casseroles accumulées, son aura reste intacte. Selon le dernier sondage de l’Université Quinnipiac auprès des électeurs républicains ou pro-républicains, Donald Trump obtiendrait 46% des voix contre 32% pour Ron DeSantis dans le cadre d’un hypothétique primaire du parti.

Reste que d’autres inculpations, pour des motifs bien plus graves, pourraient venir. L’affaire Stormy Daniels n’est qu’un amuse-bouche. Donald Trump est dans le viseur de la justice pour trois autres affaires: la tentative d’inverser les résultats électoraux dans l’Etat de Géorgie en faisant pression sur des responsables, la conservation de documents secrets et confidentiels dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, et, bien sûr, son rôle dans l’attaque du Capitole du 6 janvier 2021.

Remis en liberté, Donald Trump devait, mardi soir, s’exprimer devant des centaines de fidèles supporters et amis réunis dans la salle de bal de sa résidence de Mar-a-Lago. Une manière pour lui de rebondir sur les sentiments de colère, d’injustice et d’incompréhension dont il aime s’abreuver. Et de contre-attaquer. La bagarre judiciaire ne fait que commencer.