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Marine Le Pen se rend samedi et dimanche en Guadeloupe, pour la première fois depuis qu’elle préside le RN, et là où son père n’avait jamais pu aller.

A deux semaines du premier tour, Marine Le Pen en déplacement express en Guadeloupe. A peine plus de 24 heures sur place : elle se rend aux Antilles, samedi 26 mars, pour la première fois comme candidate à la présidentielle alors que son père avait été empêché d’atterrir en Martinique il y a 36 ans, en 1987. Dans ces îles historiquement de gauche, la candidate veut envoyer un signal : que sa dédiabolisation est achevée.

Oui, on peut s’appeler Le Pen et aller aux Antilles : voilà le message. Cela n’a pas toujours été le cas. 1987 : Jean-Marie Le Pen est empêché d’atterrir à Fort-de-France, la Martinique ne veut pas du leader du Front national, obligé de rebrousser chemin et de rentrer à Paris. Depuis, jamais Marine Le Pen ne s’est rendue aux Antilles comme candidate à la présidentielle. Un déplacement maintes fois envisagé, toujours reporter. Mais « les choses ont changé » nous assure son entourage. « Marine est la seule à s’intéresser aux outre-mer, avec elles ils retrouvent le Chirac perdu » s’emballe même un proche.

Car la candidate enchaîne les démonstrations d’intérêt. Aujourd’hui et demain, elle parlera pouvoir d’achat, accès à l’eau, pollution au chlordécone. Autant de préoccupations majeures aux Antilles. Une démonstration d’amour qui ne doit pas faire oublier l’intérêt stratégique. 5% des Guadeloupéens ont voté Marine Le Pen en 2012, ils étaient près de 14% en 2017. Analyse d’un stratège de la campagne : « L’outre-mer peut faire gagner l’élection, c’est les quelques pourcents qui font la différence ».

Jouer le contraste avec « Zemmour et son truc de loser »

Et puis ce déplacement c’est aussi pour Marine Le Pen une façon de prendre de la hauteur, au moment même où Eric Zemmour fera sa démonstration de force parisienne au Trocadéro. Marine Le Pen sera occupée à visiter un « lolo », une épicerie restaurant typiquement antillaise. Contraste des images garanties… C’est précisément l’effet recherché : se montrer loin, très loin de Paris. Illustration avec ce tacle d’un stratège de la campagne Le Pen : « Zemmour et son truc de loser, on s’en fout ».

Et pourtant, l’équipe Le Pen a réfléchi plusieurs semaines à la riposte face au meeting du concurrent nationaliste, avec l’idée d’une contre programmation décalée. Ce sera chose faite avec ce déplacement en Guadeloupe, d’autant qu’Eric Zemmour a annulé son seul déplacement outre-mer de la campagne.

Prendre le large au moment où la campagne entre dans la dernière ligne droite, c’est aussi une façon de montrer de la sérénité, pour une Marine Le Pen qui se plaît à répéter qu’elle n’a jamais douté de son accès au second tour. Même si le déplacement sera express, 26 heures sur place, hors de question de prendre le risque de s’éloigner trop longtemps de la métropole au moment où tout se joue.