The DIVI future theme ?

Le Sénégal a officiellement rejoint le cercle des pays producteurs d’hydrocarbures avec l’annonce, le 11 juin, de la première extraction de pétrole sur le site de Sangomar, au large des côtes sénégalaises. Une grande première pour ce pays d’Afrique de l’Ouest qui compte bien tirer profit de cette nouvelle ressource.

C’est le fruit d’un héritage en or laissé par le prédécesseur de l’actuel président, Macky Sall. C’est lui qui a lancé la prospection et le développement du site pétrolier de Sangomar, mais aussi des gisements gaziers découverts entre 2014 et 2015 dans le nord du pays : Grand Tortue, Teranga et Yakaar.

Avec une production de 100 000 barils de pétrole par jour à Sangomar et une première récolte de 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an, le Sénégal est en passe de devenir un acteur majeur dans le secteur des hydrocarbures.

Mais pour que l’État sénégalais tire réellement profit de cette manne, le nouveau président, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre, Omar Sonko, ont décidé de renégocier les contrats avec les compagnies pétrolières étrangères déjà en phase opérationnelle.

Si nous ne prenons pas nos responsabilités, je peux vous assurer que le Sénégal ne gagnera pas un kopeck de son gaz », a déclaré Omar Sonko dans un discours il y a trois semaines. L’objectif est de suivre le chemin tracé par le Qatar, premier producteur mondial de GNL, et de s’affranchir de la domination étrangère dans l’exploitation des richesses en Afrique.

Le Sénégal a toutes les cartes en main pour réussir son entrée dans le monde des hydrocarbures. Avec des gisements de pétrole et de gaz naturel prometteurs, une stabilité politique et économique reconnue, le pays est devenu une destination de choix pour les investisseurs étrangers. Mais pour que cette aventure pétrolière soit une réussite pour tous les Sénégalais, il est essentiel que l’État prenne ses responsabilités et veille à ce que les contrats signés avec les compagnies pétrolières soient équitables et profitables pour le pays.

Les Britanniques de BP, les Américains de Kosmos Energy, le groupe australien Woodside, qui sont déjà en phase opérationnelle, sont donc appelés à revenir à la table des négociations et à revoir à la baisse les bénéfices qu’ils comptaient tirer des nouveaux gisements sénégalais. Légalement, il est possible de redéfinir les termes d’un contrat de ce type dans une période de huit ans après la signature. C’est le tour de force que veut tenter la présidence sénégalaise, même si les prévisions de bénéfices se chiffrent déjà en milliards de dollars et qu’en l’état, ces partenariats boosteront la croissance, annoncée à près de 9% au Sénégal dès cette année. Omar Sonko et Bassirou Diomaye Faye ne veulent pas s’en contenter, au risque de faire fuir les investisseurs et d’exposer le pays à des poursuites devant les tribunaux internationaux. Ils considèrent que c’est le prix à payer, un combat essentiel pour s’affranchir de la domination étrangère dans l’exploitation des richesses en Afrique.