Blessée dans l’attaque, l’épouse du président a été hospitalisée précise le premier ministre, qui appelle la population au calme.
Le président haïtien Jovenel Moïse a été assassiné tôt mercredi 7 juillet matin chez lui par un commando formé d’éléments étrangers, a annoncé le premier ministre sortant Claude Joseph. Cet événement menace de déstabiliser un peu plus le pays le plus pauvre des Amériques, déjà confronté à une double crise politique et sécuritaire.
L’épouse du président a été blessée dans l’attaque et hospitalisée, a précisé Claude Joseph. Il a appelé la population au calme et indiqué que la police et l’armée allaient assurer le maintien de l’ordre. «Le président a été assassiné chez lui par des étrangers qui parlaient l’anglais et l’espagnol. Ils ont attaqué la résidence du président de la République», a déclaré Claude Joseph. «La situation sécuritaire est sous contrôle», a-t-il assuré.
Venu du monde des affaires, Jovenel Moïse, 53 ans, avait été élu président en 2016 et avait pris ses fonctions le 7 février 2017. Actif dans plusieurs domaines économiques, dont l’exploitation de bananeraies, il n’avait alors quasiment aucune expérience en politique au moment de son élection et était très peu connu de ses compatriotes.
Des appels à la tenue d’élections libres
Haïti, pays des Caraïbes et nation la plus pauvre du continent américain, est gangrené par l’insécurité et notamment les enlèvements contre rançon menés par des gangs jouissant d’une quasi-impunité. Une situation qui valait à Jovenel Moïse, accusé d’inaction face à la crise, d’être confronté à une vive défiance d’une bonne partie de la société civile.
Dans ce contexte faisant redouter un basculement vers l’anarchie généralisée, le Conseil de sécurité de l’ONU, les Etats-Unis et l’Europe appelaient à la tenue d’élections législatives et présidentielle libres et transparentes, d’ici la fin 2021. Jovenel Moïse avait annoncé lundi la nomination d’un nouveau Premier ministre, Ariel Henry, avec justement pour mission la tenue d’élections. Gouvernant par décret depuis janvier 2020, sans Parlement, et alors que la durée de son mandat faisait l’objet de contestations, Jovenel Moïse avait également mis en chantier une réforme institutionnelle. Un référendum constitutionnel initialement prévu en avril, reporté une première fois au 27 juin puis à nouveau en raison de l’épidémie de Covid-19, devait se tenir le 26 septembre. La réforme avait pour but de renforcer les prérogatives l’exécutif.
La Maison Blanche a qualifié mercredi de «terrible» et de «tragique» l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse, Washington se déclarant prêt à apporter de l’aide au pays en crise. Il s’agit «d’une attaque terrible, une attaque tragique, ayant ciblé le président d’Haïti et sa femme au cours de la nuit», a déclaré Jen Psaki, la porte-parole de l’exécutif. «Nous sommes prêts à assister sous n’importe quelle forme la population d’Haïti, le gouvernement d’Haïti, s’il y a une enquête», a-t-elle ajouté. Boris Johnson s’est dit lui «choqué» par un «acte odieux». La République dominicaine a quant à elle ordonné la «fermeture immédiate» de sa frontière avec Haïti.
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