The DIVI future theme ?

Dans un climat politique marqué par l’incertitude et la soif de renouvellement démocratique, l’Union des Forces Républicaines (UFR) vient de réélire Sydia Touré à sa tête avec un score sans équivoque de 94,48 % des voix, à l’issue de son 5e congrès ordinaire tenu à Conakry. Âgé de 80 ans, l’ancien Premier ministre et vétéran de la scène politique guinéenne prolonge ainsi son règne à la tête d’un parti dont il est la figure fondatrice depuis plus de deux décennies.

Cette réélection triomphale, perçue par les cadres du parti comme un gage de stabilité et d’unité, soulève néanmoins une question fondamentale : l’UFR est-elle capable de préparer sa propre relève, ou reste-t-elle prisonnière d’un leadership personnalisé devenu structurellement indispensable ?

Depuis sa création en 1998, l’UFR a bâti son identité autour du charisme et de l’autorité de Sydia Touré. Ancien conseiller économique de Félix Houphouët-Boigny puis Premier ministre de Lansana Conté (1996–1999), il a su conserver une stature de sage de l’opposition. Mais cette longévité, saluée par ses partisans, est aussi critiquée pour avoir étouffé toute dynamique de transition interne.

L’absence d’alternance au sommet du parti illustre un phénomène bien connu dans plusieurs formations politiques africaines : la personnalisation du pouvoir partisan. En Guinée, ce phénomène se traduit souvent par un culte du fondateur, une centralisation des décisions, et une réticence à voir émerger des figures montantes qui pourraient incarner l’avenir.

Alors que près de 70 % de la population guinéenne a moins de 30 ans, la classe politique semble rester sourde aux aspirations d’une jeunesse en quête de représentativité, d’innovation et de rupture avec les logiques clientélistes. Dans ce contexte, l’UFR court le risque de paraître déconnectée des nouvelles attentes sociales et politiques.

Aucune figure émergente n’a été mise en lumière lors de ce congrès, aucun débat public sur la transition n’a été encouragé. Si certains jeunes cadres sont présents dans les organes du parti, ils peinent à accéder à des rôles décisionnels de premier plan. La promotion interne semble bridée par une logique de loyauté plutôt que de compétence ou de vision.

Sur le plan stratégique, cette absence de renouvellement n’est pas sans conséquences. L’UFR, qui fut autrefois un poids lourd de l’opposition, notamment lors des présidentielles de 2010 et 2015, peine aujourd’hui à conserver son influence dans un paysage politique recomposé. Le maintien au pouvoir de figures historiques, sans perspectives claires de transition, risque de fragiliser le parti à moyen terme, voire de le marginaliser face à de nouvelles forces politiques plus en phase avec les réalités du terrain.

Dans une Guinée où les tensions politiques restent vives et où les institutions démocratiques peinent à s’enraciner, la question de la transmission du leadership dans les partis est un enjeu crucial. L’UFR, forte de son histoire et de son expérience, aurait pu devenir un modèle de transition politique maîtrisée. En prolongeant encore une fois le mandat de son fondateur octogénaire, elle semble avoir choisi la sécurité de l’immobilisme plutôt que le pari du renouveau.

Reste à savoir si, dans les années à venir, une conscience collective au sein du parti saura impulser une transformation structurelle. Car au-delà de la personne de Sydia Touré, c’est toute la crédibilité de l’UFR qui est en jeu dans une Guinée qui, tôt ou tard, exigera des comptes aux héritiers de l’ancien ordre politique.