Lors d’une conférence de presse à Conakry ce mercredi 5 mars 2025, le Premier ministre Bah Oury a éclairci sa position sur deux moments clés de la politique guinéenne : son opposition à la candidature de Moussa Dadis Camara en 2009 et son soutien potentiel à celle du Général Mamadi Doumbouya. Face à ce qui pourrait sembler contradictoire, il a affirmé que « les apparences sont trompeuses, car les situations sont fondamentalement différentes ». Selon lui, les contextes et circonstances varient grandement, justifiant ses choix à différentes époques.
En 2009, l’ex-chef de la junte, le Capitaine Moussa Dadis Camara, manifestait son ambition de se présenter à l’élection présidentielle, une situation qui avait suscité une vive opposition d’une large frange de la classe politique et de la société civile. Bah Oury, à l’époque farouche opposant à tout projet de maintien des militaires au pouvoir, s’était investi dans la lutte contre cette candidature, jugeant qu’elle allait à l’encontre des principes démocratiques et des aspirations du peuple guinéen à une transition vers un pouvoir civil.
Aujourd’hui, son soutien au Général Mamadi Doumbouya repose, selon lui, sur une analyse différente du contexte politique puisque ‘’ les faits semblent similaires, mais ce n’est pas la même chose.
« Ce n’est pas le même contexte qu’en 2009, même s’il y a en apparence des similitudes. Aujourd’hui, je suis Premier ministre, chef du gouvernement. Je suis dans une posture beaucoup plus privilégiée que par le passé. J’ai été nommé par le président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, qui a estimé que nous devions aller ensemble. Le travail que nous sommes en train de faire m’honore et reflète fondamentalement mes convictions depuis des décennies. Nous continuons le chemin. C’est la constitution qui prime. Indépendamment de la volonté de quiconque parmi nous, la décision finale de la candidature revient au président de la République. Si la constitution le lui permet, à partir de ce moment-là, en toute objectivité, il n’y a aucune raison de le lui refuser. Le regard dans le rétroviseur, c’est le bilan qui parle. Quel est le bilan du général Mamadi Doumbouya ? Comment son bilan est-il perçu par la population ? C’est ça qui est fondamental. Le bilan parle de lui-même. L’immersion qui a été faite, les populations estiment qu’il y a un espoir, que ce qui est en train de se faire peut s’améliorer dans le temps, dans des domaines variés », a-t-il dit.
Selon lui, en 2009, la situation ne permettait pas la candidature de Moussa Dadis Camara. Mais, aujourd’hui, tous les Guinéens même de l’extérieur estiment que l’expérience qui est en cours avec le Général Mamadi Doumbouya doit être poursuivie.
« En 2009, on allait tout droit au gouffre. Je dois dire que la presse doit faire un effort pour placer les éléments dans leur contexte. Il ne s’agit pas d’aligner des faits qui semblent similaires et dire que c’est la même chose. Le troisième mandat d’Alpha Condé est dans la même logique que ce qui était envisagé en 2009. Le peuple est souverain. La souveraineté du peuple peut s’exprimer à travers les élections, mais aussi par une démarche qui permet à tous les acteurs de se demander si le peuple est satisfait, s’il adhère. Le peuple de Guinée, de l’intérieur comme de l’extérieur, estime que cette expérience qui est en cours doit être poursuivie. Et pour cela, il faut de la stabilité. Et pour qu’il y ait la stabilité, des hommes et des femmes doivent l’incarner. D’où la nécessité, pour la mise en place de ce vaste programme qui transcende nos individualités, de travailler à le rendre stable, plus performant, en tirant les leçons du passé pour progressivement le qualifier. Il y aura des ajustements, des erreurs d’approche, mais la volonté d’améliorer les choses et d’être à l’écoute des populations est un élément déterminant », a-t-il indiqué.
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