Élu par le Parlement, Jean-Lucien Kwassi Lanyo Savigny De Tove devient Président de la République du Togo. Mais dans les faits, le pouvoir reste entièrement entre les mains de Faure Gnassingbé, nouvel homme fort du régime à travers sa fonction de Président du Conseil du Gouvernement.

C’est une élection qui aurait pu symboliser une transition démocratique. Mais au Togo, l’arrivée de Jean-Lucien Kwassi Lanyo Savigny De Tove à la présidence de la République n’a rien changé à la réalité du pouvoir. Car depuis l’adoption de la nouvelle Constitution, le rôle du Président est vidé de tout contenu politique réel. Le poste est désormais purement symbolique.
Le véritable détenteur de l’exécutif reste Faure Gnassingbé, devenu Président du Conseil du Gouvernement. Cette fonction, taillée sur mesure, lui confère l’ensemble des leviers de commande : chef des armées, chef du gouvernement, maître de la diplomatie, et responsable des affaires internes.
« Ce changement constitutionnel donne l’illusion d’un basculement vers un régime parlementaire. Mais en réalité, il renforce encore davantage la centralisation du pouvoir autour de Faure Gnassingbé », estime un politologue togolais contacté par G24news, préférant garder l’anonymat.
Une Constitution taillée sur mesure
Promulguée en 2024, la nouvelle loi fondamentale du Togo s’inspire officiellement des systèmes allemand et israélien, dans lesquels les Présidents de la République jouent un rôle protocolaire tandis que le pouvoir réel est exercé par le chancelier ou le Premier ministre. Sauf qu’au Togo, cette réforme semble davantage servir un projet de reconduction indirecte du pouvoir que la construction d’un régime parlementaire équilibré.
Encadré – Ce que dit la nouvelle Constitution :
- Le Président du Conseil du Gouvernement est chef de l’exécutif.
- Il dirige le gouvernement et nomme les ministres.
- Il est chef des armées et conduit la politique étrangère.
- Le Président de la République n’a aucun pouvoir exécutif.
Le Président de la République devient ainsi un simple figurant, exclu des grandes orientations politiques. Une situation inédite dans l’histoire politique du pays, qui alimente les critiques d’un virage autoritaire masqué par une réforme institutionnelle.
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