The DIVI future theme ?

Il est des lieux qui, par essence, imposent le respect. Des espaces où la République se donne à voir dans sa forme la plus noble, la plus sobre, la plus solennelle. La Primature devrait être de ceux-là. Elle devrait incarner l’épicentre du sérieux étatique, le lieu où se conçoivent les politiques publiques, où s’expriment les grandes décisions de la nation, et non le théâtre d’un spectacle mondain qui frise le ridicule institutionnel.

Aujourd’hui, ce sanctuaire du pouvoir exécutif vacille. Il chancelle non pas sous les coups d’un vent révolutionnaire ou d’une crise majeure, mais sous le poids d’une légèreté assumée, d’un show permanent où les selfies remplacent les stratégies, où les artistes en tournée prennent la place des technocrates, et où le Premier ministre semble préférer l’applaudimètre des réseaux sociaux aux rapports de fond et aux réunions de crise.

La banalisation de la Primature n’est pas seulement une faute de goût. C’est une trahison de l’esprit républicain. C’est un effritement de l’autorité morale que devrait incarner la tête de l’exécutif. Car occuper cette fonction, c’est d’abord porter la gravité de l’État. Ce n’est ni une récompense politique, ni une opportunité de se construire une image, encore moins une plateforme de promotion pour vedettes en quête de légitimité.

La fonction de Premier ministre exige du recul, de la rigueur, du discernement, et surtout, une capacité d’écoute du réel. Ce réel, justement, qui crie dans nos hôpitaux sans médicaments, dans nos écoles sans bancs, dans nos zones rurales abandonnées, dans une jeunesse qui n’a plus foi en ses dirigeants. Et pendant que le pays s’interroge, que les citoyens cherchent un cap, que les populations demandent des actes, le chef du gouvernement semble flotter au-dessus des urgences, pris dans une spirale de superficialité et de représentation stérile.

Certes, la culture est essentielle, et les artistes ont leur place dans la construction de l’identité nationale. Mais l’État est une machine de responsabilités, pas une scène de divertissement. Il existe un ministère de la Culture, un ministère de la Jeunesse, des institutions dédiées pour cela. Que les acteurs culturels y soient reçus, soutenus, écoutés : c’est leur droit et c’est nécessaire. Mais la Primature ne saurait devenir une loge VIP pour influenceurs en quête d’images ou de reconnaissance.

À force de confondre communication et gouvernance, les repères s’effondrent. L’image prend le pas sur l’action. Le symbole devient creux. Et l’on s’interroge légitimement : avons-nous à la tête de notre gouvernement un homme d’État ou un animateur de plateau ? Un stratège ou un chef de protocole people ? Un bâtisseur ou un gestionnaire de buzz ?

Dans d’autres pays du continent comme le Sénégal, Ghana, Maroc, Côte d’Ivoire, jamais un Premier ministre ne se serait livré à ce genre de mise en scène. Non par mépris pour la culture, mais par respect pour la fonction. Là-bas, la frontière est claire entre la représentation artistique et la représentation de l’État. Ici, hélas, tout se confond, et dans cette confusion, c’est l’autorité de l’État qui s’étiole.

Si gouverner, c’est prévoir, alors que prévoit-on aujourd’hui pour la Guinée ? Où est le plan national de développement ? Où est la réforme du système de santé ? Où sont les réponses à la précarité grandissante ? Où sont les signaux clairs envoyés à une jeunesse en errance ? On ne dirige pas un pays avec des images flatteuses. On le gouverne avec une vision, une stratégie, une action comme le souhaite le Président Général Mamadi DOUMBOUYAH.

Ce n’est plus le moment des faux-semblants. La transition guinéenne ne peut se permettre l’improvisation. Elle exige du sérieux, de l’engagement, et surtout, une autorité incarnée à la primature. Si le Premier ministre actuel ne se sent pas en capacité de porter cette mission, qu’il parte. Ce serait un acte de lucidité, voire de courage. Mais qu’il ne continue pas à user le prestige de la fonction pour en faire un instrument personnel de rayonnement sans impact.

La Guinée est à un moment charnière de son histoire. Elle ne peut plus tolérer le luxe de l’amateurisme au sommet. Elle a besoin de dirigeants visionnaires, ancrés dans le réel, capables de répondre à l’urgence par des actes, et non de distraire la galerie avec des apparitions sans substance.

Non, la Primature n’est pas une scène. Non, le Premier ministre n’est pas un animateur culturel. Il est ou devrait être le chef d’orchestre de la transformation nationale.

À force de confondre l’État et le spectacle, c’est la République que l’on ridiculise. Et la Guinée mérite infiniment mieux que cela son Excellence Président Mamadi DOUMBOUYA .