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Les Travailleurs de la Justice Sénégalaise au Bord de la Crise : Grève Imminente

La tension monte dans les tribunaux sénégalais. Exaspérés par des années de promesses non tenues, les travailleurs de la justice menacent de paralyser le système judiciaire. L’Union nationale des travailleurs de la justice (UNTJ) a déposé un préavis de grève le 14 février 2025, dénonçant l’ignorance de leurs revendications statutaires et salariales depuis 2018.

Dans un communiqué, le syndicat se réfère à l’article 25-4 de la Constitution et à la loi 61-33 sur le statut des fonctionnaires pour justifier cette action. En cause, le non-respect du décret de 2019 concernant les conditions de travail des agents judiciaires, notamment le reclassement hiérarchique et les indemnités. Après des années de patience, les travailleurs réclament désormais des mesures concrètes.

Les revendications clés 

L’UNTJ exige : 

Le reclassement des greffiers en hiérarchie A2, mettant fin à la coexistence « insoutenable » des grades A2 et B2. 

L’intégration des agents non-greffiers dans le corps des assistants des greffes et parquets. 

L’organisation urgente d’un concours professionnel pour les administrateurs des greffes, bloqué depuis des années. 

Le versement effectif de l’indemnité de logement, obligatoire selon le décret 2019-575, mais jamais appliqué.  « Ces mesures sont légitimes et légales. Le gouvernement doit cesser de mépriser ceux qui font fonctionner la justice », insiste le porte-parole de l’UNTJ.

Dialogue ou affrontement ?

Si le syndicat se dit ouvert à la négociation, il prévient : « En l’absence de réponse concrète, nous recourrons à toutes les mesures nécessaires ». Cette menace survient dans un contexte où d’autres secteurs, comme la santé ou le BTP, multiplient les arrêts de travail pour dénoncer la « surtaxation » et les licenciements abusifs. 

Le Syndicat des Travailleurs de la Justice (SYTJUST) avait déjà déposé un préavis similaire en février 2025, critiquant l’inaction sur des engagements datant de 2018, comme l’augmentation des indemnités de judicature. Une situation qui illustre un malaise profond au sein de l’appareil judiciaire.

La grève s’annonce alors que le président Bassirou Diomaye Faye plaide pour un équilibre entre « droit de grève et préservation de l’ordre public » lors de la récente rentrée judiciaire. Un thème crucial dans un pays où les mouvements sociaux, bien que moins fréquents qu’ailleurs, révèlent des tensions persistantes entre revendications légitimes et continuité des services publics. Le magistrat Latyr Niang a rappelé lors de cette rentrée que « les travailleurs sénégalais sont raisonnables, mais exigent le respect de leur dignité ». Un appel à l’apaisement qui contraste avec la colère montante

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Réactions et mobilisations

L’UNTJ appelle ses membres à « rester mobilisés » en attendant les prochaines directives. Cette mobilisation répond à une vague de mécontentement plus large :

– Dans le BTP, les syndicats dénoncent des dettes de l’État non honorées et la fuite d’entreprises vers la Côte d’Ivoire.

Dans la fonction publique, des grèves illégales ont entraîné des sanctions salariales, exacerbant les tensions. 

Le gouvernement, quant à lui, reste silencieux, malgré les mises en garde répétées. Une stratégie risquée, alors que l’UNTJ promet une « grève massive » si aucun compromis n’émerge d’ici mi-mars. Une paralysie des tribunaux pourrait retarder des milliers d’affaires, aggravant un déjà lourd retard judiciaire. Les observateurs craignent aussi un effet domino sur d’autres secteurs, déjà fragilisés par des revendications similaires