The DIVI future theme ?

-Monsieur le Ministre,

-Monsieur le Gouverneur, 

-Mesdames / Messieurs,

Le dimanche 15 septembre 2024, les Guinéens se sont réveillés avec une triste nouvelle, la mort d’une icône de l’histoire et de la culture guinéenne, Mamadou Yôh KOUYATÉ en Tunisie des suites de maladie.

Hier samedi 21 septembre 2024, le Gouvernement à travers le Ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat a organisé au Palais du Peuple à Conakry, un symposium digne de nom en l’honneur de l’illustre disparu.

A cette occasion solennelle, la Guinée dans toutes ces composantes, l’Afrique et le Monde entier ont rendu un hommage mérité à cette figure historique dont le nom restera gravé à jamais en lettre d’or dans l’histoire.  

Qu’en soient remerciés, le Président de la République, Chef de l’État, Commandant en chef des Forces Armées, le Général de Corps d’Armée, Mamadi DOUMBOUYA, le Gouvernement et le Comité National de Rassemblement pour le Développement [CNRD] pour s’être acquittés de ce devoir républicain envers un homme qui a consacré toute sa vie au service de l’État, du Peuple et de la Nation.

Que les personnalités distinguées venues des pays frères et amis à la Guinée, des Régions et Préfectures de Guinée, des 13 cantons de Siguiri, des 20 Sous-Préfectures de Siguiri et de la Commune Urbaine de Siguiri, reçoivent les mêmes marques de considérations.

Je n’oublie pas les 29 structures traditionnelles du Mandingue à savoir :

-Les 16 tribus « Ton tan djon tani woro » ;

-Les 5 tribus « Morikanda Lolu » ;

-Les 4 tribus « Niara nanin » ;

-Les 5 tribus « Mansa sigui nanin ».

Je rends à ces tribus leurs « LAMBÉS » respectifs, tels qu’ils sont définis dans la Charte de Kouroukanfouga.         

-Monsieur le Ministre !

Votre présence à Siguiri au nom du Gouvernement représente tout un symbole. Elle réconforte les Sages, les populations, les autorités régionales et préfectorales, les membres de la famille éplorée et le monde de la culture.

C’est le témoignage de la reconnaissance du rôle et de la place de celui dont la cause nous réunit ici ce matin à Siguiri, je veux nommer Mamadou Yôh KOUYATÉ. Que la paix de DIEU soit sur lui.

-Monsieur le Ministre !

-Illustres personnalités nationales et étrangères !

Vous êtes venus sécher nos larmes qui continuaient encore à couler ce dimanche 22 septembre 2024. Au moment où Siguiri et le Manding dans l’unité de leur diversité sociologique et culturelle accueillent la dépouille de leur fils, pour l’accompagner dans l’honneur à sa dernière demeure.          

Au moment où un autre deuil se poursuit encore, suite à la mort à Paris le 22 juin 2024 de son jeune frère, Mory Djeli Denn KOUYATÉ qui lui a devancé seulement de deux [2] mois et 24 jours.

QUAND DIEU DECIDE QUELQUE CHOSE SA VOLONTE S’ACCOMPLIT

LA SECONDE ! C’est l’année 2024 qui l’a vu repartir de ce bas monde après 87ans de vie remplie de joie, de bonheur, de gloire, de mérite et aussi de défis. 

Que retenir de la généalogie de Mamadou Yôh KOUYATÉ ? Il est le fils légitime de Sékou Deen KOUYATÉ notable de Siguiri un transporteur qui disposait d’un camion GAZ de l’époque soviétique. Dans mon village natal Norassoba, le marché hebdomadaire se tient tous les jeudis depuis sa création en 1950. A l’époque de notre enfance, il y avait quatre célèbres transporteurs dont les camions fréquentaient le village. Il s’agit de Sékou Denn KOUYATÉ et Almamy DOUMBOUYA de Siguiri, Mamadi Fènkèlèn de Kankan et un certain RACINE d’origine malienne qui était installé à Kouroussa.

Lorsque l’un de ces camions manquaient un jour de marché chacun le ressentait. 

Alors comme son père, Mamadou Yôh KOUYATÉ a pratiqué très tôt ce métier de transporteur avant de s’occuper d’autres chose.

Plus loin de nous, Mamadou Yôh KOUYATÉ descend en directe ligne du grand griot Balla-Fassakè KOUYATÉ [SÈGUÈ NI BABI]. Celui qui fut !

– Témoin des années d’occupation du Manding par Soumaoro KANTÉ ;

– Témoin des guerres de libération du Manding après le retour d’exil de Soundjata KEITA ;

– Témoin de la bataille de Kirina en 1235 qui marqua la fin de l’occupation et la victoire sur Soumaoro ;

– Témoin de la rencontre de Kouroukanfouga en 1236 où fut adoptée la charte constitutionnelle de l’Empire du Mali reconnue aujourd’hui comme la plus vielle constitution du monde ;

– Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaires du Manding.      

Comme on a coutume de dire au Manding : Une famille guerrière n’est jamais vide. Elle est semblable à une scène de théâtre où les acteurs se succèdent les uns aux autres, chacun à son tour pour jouer le rôle qui lui revient.

En accord avec cet adage populaire, Mamadou Yôh KOUYATÉ a assumé sur tous les fronts l’héritage de son père Sékou Deen KOUYATÉ et de son arrière-grand-père, Balla-Fassakè KOUYATÉ sans démériter.

Ainsi donc, Mamadou Yôh KOUYATÉ c’est :

-Ce compagnon de la lutte pour l’indépendance de la Guinée ;

-Ce pionnier de la Jeunesse de la Révolution Démocratique Africaine [JRDA]  ;

-Ce militant infatigable du parti libérateur, le PDG-RDA ;

-Ce syndicaliste défenseur des droits des travailleurs ;

-Ce député membre de l’Assemblée Nationale Guinéenne ;

-Ce médiateur et réconciliateur qui avait un langage de vérité ;

-Cet avocat populaire ;

-Cet Ambassadeur de la paix ;

-Ce refondateur de l’Alliance Panafricaine des Griots [DJÉLITOMBA].

Qui vit meure !Ne meure que celui qui a vécu .L’HONORABLE MAMADOU YOH KOUYATE est mort .Tout ce qui est debout finira un jour se coucher! L’HONORABLE MAMADOU YOH KOUYATE s’est couché pour toujours .

-MAMADOU YÔH KOUYATÉ FUT UN SERVITEUR DÉVOUÉ !

–  De 7 à 87 ans, il a cru, adoré et servi DIEU avec humilité ;

–  Il a servi son père et sa mère jusqu’à leur mort ;

–  Il a servi sa communauté jusqu’à sa mort ;  

– Il a servi le dernier Président de la IVème République française Réné COTTI ;

– Il a servi les six [6] Présidents de la République de Guinée de 1958 à 2024 : Feu Ahmed Sékou TOURÉ, feu Général Lansana CONTÉ, Capitane Moussa Dadis CAMARA, Général Sékouba KONATÉ, Professeur Alpha CONDÉ et Général Mamadi DOUMBOUYA. 

– Il a servi et défendu la culture mandingue.

Qu’est-ce que DIEU n’a pas fait pour Mamadou Yôh KOUYATÉ dans sa vie ! Heureux et fier soit donc dans ta tombe et au Paradis que nous te souhaitons ! AMEN. Né donc et grandi avec des qualités de leader d’opinion, de rassembleur, de commandeur d’hommes, Yôk KOUYATÉ a eu une vie bien remplie.

Un jour comme aujourd’hui, c’était le lieu, l’occasion et l’opportunité de parler de lui en détail si le temps le permettait.

Mais ! Un adage populaire mandingue nous enseigne que tous les arbres auxquels un vieux singe a grimpé durant sa vie, qu’on ne peut pas refaire le même itinéraire avec son cadavre en main après sa mort.

Néanmoins, je demande l’indulgence du public de m’accorder quelques minutes d’attention car, MAMADOU YOH KOUYATÉ appartient à la catégorie des hommes qu’on appelle KÈLÈ-MANSA, dont la mort ne peut passer inaperçue.

C’est ensemble, que nous avons débuté dans l’enthousiasme l’Année 2024 avec l’espoir de la terminer encore ensemble. Mais l’homme propose, Dieu dispose. Le 5 août 2024, il se rendit à Conakry pour des raisons de santé où il subit des soins avant d’être évcué en Tunisie un mois plus tard.

Par l’appel du destin, il décéda le dimanche 15 septembre 2024 à Tunis sans plus revoir de son vivant son Siguiri natal.

En nous quittant dans l’honneur et dans la dignité à un moment où nous avions encore besoin de lui, MAMADOU YÔH KOUYATÉ n’a pas laissé que sa famille orpheline.

C’est aussi, toute la Guinée et au-delà l’Afrique qui sont endeuillées par la mort de cet historien, sociologue, ethnologue, linguiste et politicien, qui fut un symbole de la sagesse.

A mon arrivée à Siguiri en 2023 comme Préfet, je suis venu avec un projet en tête, la construction d’un Musée d’histoire.

Je me disais qu’en vertu de tout ce qu’il incarne comme valeurs, qu’il n’y avait pas meilleur administrateur de ce futur Musée que lui Mamadou Yôh KOUYATÉ.

Le Bon DIEU en a décidé autrement selon sa volonté et sa prescription. Gloire à ALLAH le Tout Puissant !

Mais,à défaut d’avoir eu la chance d’être l’administrateur ,Siguiri lui réserve déjà sa place au futur Musée ,en témoignage et en reconnaissance de ses œuvres et de ses mérites qui serviront d’école et d’inspiration pour toutes les générations à venir

  A l’annonce de sa mort, ses proches tout comme les anonymes n’ont pu retenir leurs larmes. Des larmes d’admiration et de compassion, mais aussi des larmes de chagrin pour sa disparition qui a ébranlé tout le monde.

Que le Bon DIEU puisse transformer ces larmes en eau limpide du paradis sur le corps et sur l’âme de Mamadou Yôh KOUYATÉ. AMEN !

Des quatre Régions de la Guinée et de l’étranger, les messages de condoléances et de compassion ne cessent de tomber, comme pour témoigner le vide que sa mort a créé autour de chacun.

Au-delàs de cette tristesse qui touche nos cœurs, les mesures prises par le Gouvernement avant sa mort à travers son évacuation en Tunisie, le rapatriement de sa dépouille mortelle en Guinée, le symposium national organisé en son honneur au Palais du Peuple par le Gouvernement, le transport de son corps par avion de Conakry à Siguiri, la forte mobilisation nationale et internationale depuis l’annonce de sa mort ont permis de consoler la famille.

Celle-ci me charge donc de remercier le Gouvernement et en particulier le Président de la République, le Général de Corps d’Armée, Mamadi DOUMBOUYA pour l’honneur sans précédent ainsi rendu à son fils.

Cette ferveur populaire indescriptible est bien la preuve de l’estime que les gens avaient pour lui, à cause de ses qualités humaines et professionnelles.

Un public qu’il a cherché lui-même au cours de sa vie, pour un jour et un évènement à venir qu’il souhaitait lointains, c’est-à-dire sa MORT et qui est finalement arrivée le 15 septembre 2024.

L’HONORABLE Mamadou YÔH KOUYATÉ fut un rassembleur, un visionnaire, un homme dont la parole ne blessait personne, qui était à l’écoute de chacun et qui respectait tout le monde.

La première chose qui frappait ceux qui le rencontraient était son sourire charismatique emprunt d’admiration.

Si la personne était plus âgée que lui, il l’appelait [N’KÔRÔ] ;

Si c’était un camarade d’âge a lui, il l’appelait [KÈ] ;

Si c’était un jeune frère a lui, il l’appelait [N’DÔGÔ ou N’DÔGÔBA].

Si c’était une femme, peu importe son âge, il l’appelait [N’NA ou N’MA] en signe de respect et par référence à sa mère ou à sa grand-mère.

Cette courtoisie devenue un comportement chez lui ne devait rien au hasard. Elle était l’expression de l’éducation de famille qu’il a reçue et la gaîté du cœur qui caractérisait son personnage.

 Grand Griot sans complexe, imbibé des traditions ancestrales, Mamadou Yôh KOUYATÉ était le cousin à plaisanterie de tout le monde. Ce qui a été la cause de sa popularité dans tous les milieux socio-professionnels qu’il a fréquentés dans sa vie.

Il y a une vérité selon laquelle : Si tout le monde mourait en même temps, personne ne recevrait d’honneur. Or ! DIEU a prescrit aux descendants d’Adam d’honorer la mémoire des leurs qui meurent. Nous sommes donc réunis ici pour honorer Mamadou Yôh KOUYATÉ, mort au service de Siguiri, du Manding et de la Guinée.

On dit que la reconnaissance est la plus belle fleur qui jaillit de l’âme ? Alors, nous lui exprimons aujourd’hui notre sincère et profonde reconnaissance. Lui qui fut quelqu’un de social, respectueux, franc, généreux et courtois. Qui avait un sens élevé d’humour, de responsabilité et de devoir. Ce qui explique cette grandiose cérémonie d’honneur, d’hommage et d’adieu.

En réalité, il n’est pas facile de parler de Mamadou Yôh KOUYATÉ car il manque de mots dans le dictionnaire N’KO, LAROUSSE et ROBERT pour décrire cet homme exceptionnel.

C’est pourquoi, DIEU lui a accordé cinq [5] faveurs exceptionnelles dans sa vie terrestre. 

La 1ère faveur : C’est d’être né dans une famille qui a une histoire et des vertus. Dieu a fait ça pour lui !   

La 2ème faveur : C’est de vivre dans une communauté où il était considéré, aimé, respecté et écouté. Dieu a fait ça pour lui !   

La 3ème faveur : C’est d’avoir les moyens de vivre du fruit de son travail. Dieu a fait ça pour lui !   

La 4ème faveur : C’est de mourir en bon croyant. Dieu a fait ça pour lui ! 

La 5ème faveur : C’est de laisser des enfants comme héritiers. Dieu a fait ça pour lui !   

CHER GRAND FRÈRE MAMADOU YÔH KOUYATÉ ! JE M’ADRESSE À TOI !

Je sais que tu n’as plus des yeux pour me voir, de bouche pour me parler, des oreilles pour m’entendre. Mais, il est certain que si tu avais laissé un testament écrit, celui-ci contiendrait sans nul doute les recommandations suivantes :

1. La construction d’un Siège du Djolitômba digne de nom ;

2. La construction d’un musée Djolitômba ;

3. L’ouverture d’une bibliothèque de l’Association Djolitômba ; 

4. La révision et l’amendement des statuts de Djolitômba ;

5. Le renforcement du rôle du Djolitômba dans la consolidation de la paix et l’unité nationale en Guinée ; 

6. L’unité et le développement des 13 cantons de Siguiri ;

7. La paix et le développement de Siguiri ; 

8. La réhabilitation de NIANI, capitale de l’Empire du Mali ;

9. La réhabilitation et la protection des biens culturels du Manding ;

10. Le retour aux valeurs ancestrales en voie d’abandon ;

11. Le combat contre le complexe identitaire qui est source d’aliénation ;

12. L’ouverture d’un Compte de soutien aux actions de Djolitômba ;

13. La tenue chaque année du Forum de Djolitômba ;

14. Le renforcement de l’alliance entre les 29 groupes sociaux du Manding : Tontan djôn tan ni woro  [16], Morikanda lolu [5], Niara nanin [4], Mansa sigui nanin [4].

– Mesdames / Messieurs !

– Chers membres du Djolitômba de Guinée et d’ailleur !  

– Hommes et femmes de culture de toutes tendances !

– Autorités à tous les niveaux ! Notre combat commun pour honorer MAMADOU YÔH KOUYATÉ doit consister à mettre en œuvre l’ensemble de ces projets qui lui tenaient à cœurs. De poursuivre son combat et suivre ses enseignements.

J’affirme ici pour ma part en tant que membre du Bureau Exercitif de l’Association des Écrivains de Guinée [AEG], mon engagement total et inconditionnel à accompagner le Bureau National du DJELITOMBA dans cette voie, pour la mobilisation des cadres du Manding pour cette noble cause.      

Avant de terminer, j’invoque les noms des 120.000 Prophètes de l’Islam, des 313 Envoyés de Dieu, les 3.000 noms connus de Dieu dont : 

  • 1000 noms révélés aux Anges qu’on ne connait pas ;
  • 1000 noms révélés aux Djinns qu’on ne connait pas ;
  • 1000 noms révélés aux humains parmi lesquels :
  • 300 sont mentionnés dans le livre de SÉYDINA DAOUDA ;
  • 300 sont mentionnés dans l’ancien Testament ;
  • 300 sont mentionnés dans le Nouveau Testament ;
  • 100 sont mentionnés dans le Saint Coran parmi lesquels :
  • 99 sont déchiffrés et le 100ème est codé à la discrétion de Dieu.  

Au nom de tous les noms connus et inconnus cachés de Dieu

Au nom de la Nuit du Destin LAI-LA-TOUL-CADRE.

Nous prions pour le repos éternel du corps et de l’âme de notre frère en Islam, notre maitre, notre compagnon, notre El-hadj Mamadou Yoh KOUYATE

JE VOUS REMERCIE