La lutte contre la corruption vient une nouvelle fois de mettre en lumière une gestion financière trouble au sein de l’administration publique malienne. Le Bureau du Vérificateur Général (BVG) a récemment publié un rapport accablant sur la Direction des Finances et du Matériel (DFM) du Ministère de la Jeunesse et des Sports pour les exercices budgétaires de 2023 et 2024. Les conclusions sont sans appel : des irrégularités administratives et financières d’un montant colossal de 345,5 millions de FCFA ont été détectées.
Un système de gestion défaillant et opaque
L’audit mené par le BVG s’est concentré sur le contrôle interne ainsi que sur l’examen minutieux des dépenses de fonctionnement et d’investissement. Ce travail de vérification a mis au jour un ensemble de dysfonctionnements inquiétants, tant sur le plan administratif que financier.
La gestion de la DFM souffre d’un manque flagrant de rigueur organisationnelle, favorisant ainsi les dérives et les abus. Parmi les manquements relevés, on note :
Le non-respect du cadre organique de la DFM, ce qui fragilise la chaîne de responsabilité au sein de la direction.
L’absence d’un système d’archivage efficace, rendant difficile la traçabilité des documents administratifs et financiers.
La non-codification des matériels par le Comptable-matières, un laxisme ouvrant la porte aux pertes et détournements d’équipements.
Le défaut de publication du plan révisé de passation des marchés, ce qui empêche toute transparence sur l’attribution des contrats publics.
Une confusion des rôles entre ordonnateur et comptable, entraînant des interférences dangereuses dans la gestion des fonds.
La transformation irrégulière d’ambulances en véhicules de fonction, un détournement manifeste des moyens alloués aux services publics.
L’absence d’un arrêté interministériel actualisé régissant les primes des sportifs, laissant place à des pratiques opaques dans leur attribution.
Au-delà des irrégularités administratives, le rapport du BVG met en lumière des malversations financières d’une ampleur inquiétante. Des pratiques frauduleuses bien orchestrées ont permis à certains agents d’engranger des sommes faramineuses aux dépens du Trésor public.
Parmi les détournements mis en évidence :
Fausse facturation et réutilisation de factures, représentant 105 millions FCFA détournés. Cette pratique frauduleuse a permis de faire passer plusieurs fois les mêmes justificatifs de paiement.
Dépenses indues lors de compétitions sportives, pour un montant de 142,8 millions FCFA, illustrant une gestion opaque et permissive des fonds alloués aux événements sportifs.
Paiements irréguliers de primes avec des noms fictifs, occasionnant une perte de 20 millions FCFA. Cette fraude démontre l’existence d’un réseau organisé exploitant les failles administratives pour détourner des fonds.
Non-reversement de la TVA sur les factures des fournisseurs, privant l’État de 9,4 millions FCFA de recettes fiscales.
Non-reversement des frais de voyage de l’équipe nationale, soit 18,6 millions FCFA qui auraient dû être restitués mais ont disparu dans la nature.
Face à ces révélations alarmantes, le Bureau du Vérificateur Général n’a pas tardé à transmettre son rapport aux autorités.
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