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Les affrontements entre l’armée du général Abdel Fattah Al Burhane et des paramilitaires liés au général Mohamed Hamdane Dagalo au Soudan ont fait plus de 150 morts et de nombreux blessés.

Les affrontements font rage dans la nuit du dimanche 16 au lundi 17 avril à Khartoum, où ni l’armée ni la puissante force paramilitaire du général Mohamed Hamdane Dagalo ne parviennent à l’emporter malgré des combats qui ont tué au moins 97 personnes, dont trois humanitaires de l’ONU.

Alors que les blessés se comptent par centaines depuis le début des combats samedi, selon les médecins, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce que « plusieurs des neuf hôpitaux de Khartoum qui reçoivent des civils blessés n’ont plus de sang, d’équipement de transfusion, de fluides intraveineux et d’autres matériels vitaux ».

Dans la capitale où dans certains quartiers l’électricité et l’eau courante sont coupées depuis samedi, les patients – parfois des enfants – et leurs proches « n’ont plus ni à boire ni à manger », alerte un réseau de médecins pro-démocratie. Impossible, ajoutent-ils, de faire partir en sécurité les patients traités, or cela crée « un engorgement qui empêche de s’occuper de tous »

Et les « couloirs humanitaires » de trois heures annoncés dans l’après-midi par les deux belligérants n’ont pas semblé changer la donne : durant tout ce temps, les bruits des explosions et des tirs n’ont pas cessé à Khartoum.

« Très inquiétant »

Les combats à l’arme lourde font toujours rage dans la nuit entre l’armée régulière dirigée par le général Abdel Fattah Al Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR), d’ex-miliciens de la guerre du Darfour devenus supplétifs de l’armée avant d’essayer de la déloger du pouvoir depuis samedi.

Des raids aériens font trembler les immeubles, alors que tirs d’artillerie et combats de rue au fusil automatique ou à la mitrailleuse lourde secouent Khartoum et le Darfour, dans l’Ouest.

Un réseau de médecins pro-démocratie a recensé 97 civils ainsi que « des dizaines » de combattants tués, et plus de 600 personnes blessées.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a suspendu son aide après la mort de trois de ses employés, tués au Darfour, alors que plus du tiers des 45 millions de Soudanais avaient besoin d’aide humanitaire avant la récente flambée de violence.

À Khartoum, baignée dans une odeur de poudre, les habitants se sont barricadés chez eux pour une nouvelle nuit longue et anxiogène alors que des colonnes d’épaisse fumée noire continuent de monter du centre-ville où siègent les institutions politiques et militaires.

« C’est très inquiétant, on dirait que ça ne va pas se calmer rapidement », s’alarme Ahmed Seif, qui vit avec sa femme et leurs trois enfants dans l’est de Khartoum. Il redoute que son immeuble ait été touché par des tirs, mais dit avoir « peur de sortir vérifier », par crainte des balles perdues et des hommes en treillis qui quadrillent les rues.

Tensions latentes

Le conflit couvait depuis des semaines, empêchant tout règlement politique dans l’un des pays les plus pauvres du monde. Depuis la révolte populaire qui renversa Omar El Béchir en 2019, le Soudan tente d’organiser ses premières élections libres après trente ans de dictature.

Lors du putsch ayant mis fin en octobre 2021 à la transition démocratique, le général Burhane et le général Dagalo, dit « Hemeti », avaient fait front commun pour évincer les civils du pouvoir. Mais leur rivalité a explosé samedi.

La communauté internationale multiplie depuis les appels au cessez-le-feu. La Ligue arabe et l’Union africaine se sont réunies en urgence.

Qui tient quoi ?

Il était impossible dimanche de savoir quelle force contrôlait quoi. Les FSR ont annoncé avoir pris l’aéroport samedi, mais l’armée a démenti.

Les FSR ont également dit tenir le palais présidentiel. L’armée a démenti et assure surtout tenir le QG de son état-major, l’un des principaux complexes du pouvoir à Khartoum.

Quant à la télévision, les deux parties assurent aussi l’avoir prise. Aux alentours, des habitants font état de combats continus alors qu’à l’antenne seule des chants patriotiques sont diffusés, comme lors du putsch.

Car la guerre ouverte entre les généraux est aussi médiatique : samedi, Hemeti a enchaîné les interviews données aux chaînes de télévision du Golfe, dont plusieurs États sont ses alliés, multipliant les injures contre le général Burhane, resté invisible jusqu’ici.